Adaptation en 2 parties/films de la fameuse pièce de Tsuruya Nanboku, Yotsuya kaidan. La première partie est centrée sur le
drame vécut par Oiwa, jeune femme délaissée puis assassinée par son mari, samouraï ambitieux voulant se marier à une riche héritière. Parti-prit intéressant, le mari dans cette version n'est pas
un salopard intégral mais un être faible, rongé par le remord. Bien sûr, il ne supporte pas sa condition de rônin pauvre, entretenu par sa femme, mais justement il aime cette dernière et ne veut
pas la tuer. Le personnage de Gonbei est le vraiment salaud ici, personnage créé pour les besoins du film, c'est un être vil qui manipulera Iemon (le mari) afin d'arriver à ses fins. Ken Uehara
est magnifique dans l'expression des tourments d'Iemon, il arrive à le rendre touchant malgré son manque total de volonté et son crime. Mais ce n'est rien à côté de Kinuyo Tanaka dans un double
rôle. Elle joue Oiwa et sa sœur Osode, cadette de plusieurs années. Deux sœurs au tempérament différent, l'une volontaire et affirmée (la cadette), l'autre timide au caractère plus tendre
(l'aînée). L'actrice ne force jamais le trait et rend la première partie bouleversante. Kinoshita fait déjà preuve d'un grand savoir-faire dans la mise en scène, l'introduction est
impressionnante. Et son frère, Chuji Kinoshita, compose l'une de ses plus belles musiques.
Hélas, ce n'était que pour la 1ère partie. Le second film, plus court et plus rythmé, paraît paradoxalement plus long. En fait, Keisuke Kinoshita a retiré l'élément fantastique de l'histoire.
Oiwa ne revient pas hanté Iemon dans cette version. Ses rares apparitions (après sa mort) sont dues à la psyché tourmentée du mari. Clairement le réalisateur semble être moins emballé, moins
intéressé. Le récit se déroule sans accroc, ça se conclut vite fait sans trop d'émotions. Même la musique devient mécanique et fatigante. Dommage car la 1ère partie est l'un des plus beaux
mélodrames de Kinoshita.