La suite de Carmen revient au pays, 1er film japonais en couleurs et grand succès de 1951. Ce second volet est plus doux amer
que le précédent. La jolie et naïve Carmen s'amourache d'un artiste moderne coureur de jupons et ça ne se passera pas comme prévu.
La comédie est toujours présente mais Kinoshita s'attache à démontrer la dureté de la vie des classes pauvres (particulièrement des femmes bien sûr) face à des
bourgeois dilettantes et cyniques. Comme le personnage de Carmen, ils sont libérés sexuellement mais ne croient plus en l'amour et peuvent se montrer cruels. Ils ont finalement peu de
considération pour leur prochain. Kinoshita semble prévenir que derrière la modernité peut advenir l'individualisme. Ce qui n'est pas le cas dans le milieu ouvrier,
où une entraide règne malgré les difficultés. Le propriétaire de l'appartement accepte que le loyer soit payé avec plusieurs jours de retard, il ramène des œufs et autres à Carmen et son amie
(abandonnée par son compagnon). D'ailleurs l'héroïne fait preuve de générosité en accueillant cette dernière avec son nouveau-né au début du film. Ces 2 femmes doivent conjuguer le besoin
d'argent avec leur désir (leurs idéaux) de rester artiste, chose bien plus simple pour les personnes venant de milieu aisé. Ce second opus est donc moins léger que le précédent qui m'avait rendu
hilare grâce entre autres au talent comique d'Hideko Takamine. Elle est toujours parfaite, rien à redire de ce côté.
C'est plus du côté du réalisateur que le bas blesse. Kinoshita ne cesse de filmer ses plans de manière oblique. La caméra bouge sur son axe de gauche à droite. Nous
avons même le droit à des panos effectués de manière oblique. Les plans sont travaillés mais cette manière de filmer fait très artificielle et gêne de nombreuses fois la lisibilité des séquences.
Plusieurs fois je me suis mis à analyser la réalisation plutôt que de suivre l'action. Kobayashi qui fut assistant de Kinoshita (sur ce film) reprendra avec
parcimonie l'idée des plans obliques (notamment dans La condition de l'homme). De mémoire, ça fonctionnait bien mieux. Enfin
Un amour pur de Carmen a été filmé en noir & blanc contrairement à Carmen revient au pays, qui lui existe en 2 versions, une en couleurs et une seconde en noir & blanc avec des différences notables dans le ton du film entre
autres.